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QUI JE SUIS ?
Autodidacte "pur et dur" à qui la Musique a été révélée par le glissando d'un pianiste de bar, à l'âge de 12 ans environ, et par une grand-mère peintre sur porcelaine, passant de l'aquarelle au cuir repoussé tout en donnant des leçons de piano à l'enfant que j'étais.
Harmonie, contrepoint, fugue, composition etc. sans l'aide du Conservatoire mais avec de très bons professeurs.
A 18 ans, j'accompagne au piano tous les artistes se produisant dans toutes les boites de la Place du Tertre finissant à l'aube irrémédiablement chez Attila pour jouer encore et faire des chansons avec Bernard Dimey, Marion Kouzan et bien d'autres. Avant de rentrer, petit tour chez Michel Magne, à sa pleine époque de musique tachiste. Les plaisanteries de collégiens (et même plus...) allaient bon train. C'est Michel qui, quelques années plus tard, devait m'enseigner les "ficelles" pour faire "sonner" un orchestre et acquérir la technique rapide et efficace de la composition musicale adaptée au cinéma.
Après deux ans passés à travailler avec lui, l'oiseau (c'est le cas de le dire) a commencé à voler de ses propres ailes en signant la musique du feuilleton de Cécile Aubry : Sébastien parmi les hommes, le thème de l'oiseau, cher aux enfants des écoles. Par la suite, j'ai eu de nombreuses propositions d'arrangements et orchestrations, ce qui m'a permis, notamment, de travailler pour le merveilleux François de Roubaix avec lequel une osmose musicale s'est créée aussitôt. J'ai écrit pour lui, entre autres, les arrangements des Chevaliers du Ciel et ceux du Samouraï de Jean-Pierre Melville.
Plus tard, Melville m'a demandé de composer la musique de deux de ses plus beaux films : L'Armée des Ombres et Le Cercle Rouge : deux écritures bien différentes, la première, symphonique avec des mélanges de guitare saturée et d'accordéon, la deuxième dans un esprit plutôt Modern Jazz Quartet "grand orchestre"...
Melville qui se targuait d'être tout le temps brouillé avec la moitié de Paris a révélé un jour à Françoise Bonnot, sa monteuse, qu'il n'arrivait pas à se fâcher avec moi... Très ennuyeux en effet...
L'humeur vagabonde
Depuis, j'ai eu la chance d'écrire la musique de films tels que : 5% de risques de Jean Pourtalé, Section spéciale de Costa-Gavras, Les Spécialistes de Patrice Leconte, Roberte ce soir de Pierre Zucca, sans compter six films avec Jean-Pierre Mocky, et bien d'autres metteurs en scène avec qui j'ai collaboré et à qui je demande de me pardonner de ne pas les citer.
Pourtant, je n'oublierai pas Pierre Granier-Deferre et Jacques Deray, à qui j'ai apporté ma pierre dans deux beaux films de télévision : L Dernière Fête et Clarissa.
Jean-Pierre Mocky !... Quel drôle de bonhomme ! Il a toute mon amitié et ma tendresse. Grâce à lui, pendant le tournage de L' Ibis Rouge, j'ai rencontré un monstre sacré, une entité, une légende : Michel Simon !
Nous avons signé un contrat ensemble ; un contrat d'artiste par lequel il s'engageait à enregistrer un disque de chansons que je lui composerais ! Il venait se reposer chez Sybil et moi, à la campagne, après un bon déjeuner. Et puis un jour, il a disparu de la surface de la terre... et nous n'avons pas eu le temps d'enregistrer le disque...
J'ai toujours été entouré des meilleurs musiciens que l'on puisse rêver, tels que Maurice Vandair, Georges Arvanitas (au piano), Guy Pédersen (à la contrebasse), Daniel Humair (à la batterie), Pierre Dutour (à la trompette) et tant d'autres merveilleux instrumentistes, sans oublier Roland Stepzac, qui a été durant toutes ces années mon régisseur d'orchestre et un de mes violonistes préférés.
Bien sûr, pour certaines productions qui demandaient d'allier budget restreint et orchestre symphonique... je me suis expatrié quelquefois dans les Pays de l'Est. Il fallait choisir : ou le grand orchestre à l'Est ou les synthétiseurs à l'Ouest... Ce dilemme m'a donné la joie de rencontrer de grands interprètes, tant à Varsovie qu'à Moscou ou encore à Sofia, et d'y créer de solides amitiés. Pas si mal !
A cette occasion, j'ai découvert un grand chef d'orchestre : Sergueï Skripka. Nous avons travaillé ensemble plusieurs fois dans les studios de Mosfilm (l' énorme centre cinématographique moscovite), notamment pour l'enregistrement de la musique de La Légende des Sciences, très belle série télévisuelle de douze heures sur la science à la portée de tous ; un superbe orchestre symphonique de cent deux musiciens. Belle rencontre, beau moment. Très fort !
Mais je ne vais pas tous les jours enregistrer à l'Est...
Comme beaucoup de mes collègues, j'utilise les synthétiseurs, échantillonneurs et autres ordinateurs. Néanmoins, je garde toujours à l'esprit que les outils immuables du compositeur sont encore et toujours le papier, le crayon et la gomme. Quoi qu'il arrive, ils ne seront jamais remplacés par le "copier-coller".
Rien ne peut égaler le son d'un vrai violon ou d'une vraie harpe émis directement par l'âme de l'instrumentiste.
Je ne veux pas dire qu'il ne faille pas employer les synthétiseurs au milieu d'un orchestre. Bon nombre de compositeurs (et non des moins célèbres) le font chaque jour.
Je veux juste dire qu'un électron ne remplacera jamais... un vibrato : concevoir = le papier, le crayon, la gomme ; exécuter = avec l'âme, la chair, les os.
Mélodiste, arrangeur, compositeur, marieur de sons, mélangeur de timbres, homme d'image ? Sûrement. J'adore ce métier qui permet à un compositeur d'écrire des scénarios musicaux en parallèle avec des histoires tournant dans l'esprit d'auteurs ou de metteurs en scène qui, un jour, par la grâce d'un producteur (vous savez, celui qui donne l'argent...) deviennent... un Film de Cinéma !
L'écueil à éviter, c'est, je crois, concevoir la musique d'un côté et l'image de l'autre bien queparfois ce soit la demande de certains réalisateurs.
Ce qui est à rechercher, en revanche, c'est construire en osmose avec le réalisateur ; penser image et musique simultanément, comme dans une chanson, lorsque le texte et la musique sont le fruit d'une même inspiration.
Mais on peut en reparler... demarsan@demarsan.com
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